lorgnant du côté de Sully. Cette réplique , je le savais me vaudrait un sermon sur les gens de la ville et sur leur barbarie à ne rien entendre aux choses de la nature. Cette nature pourtant si simple qui se retrouvait dans tous les Sully de la terre et que j’adorais titiller lorsqu’une partie de pêche me devenait ennuyeuse.
Je m’étirais et allais cueillir machinalement un de ces excellents beignets dont Betty seule avait le secret de fabrication.
Tout en mâchonnant flegmatiquement son brin d’herbe Sully paraissait absorbé dans la contemplation paisible du cours d’eau. Affectueusement je me demandais quelles surprenantes pensées pouvaient abriter cette drôle de caboche et j’aurais volontiers abandonné mon panier de beignets pour un simple échantillon de rêverie Sullienne.
D’une bouchée j’avalais le dernier morceau et terminais ma réflexion bien loin d’où elle avait commencé en m’interrogeant sur l’âge de mon compagnon.
- - C’est la faute de cett’ bon dieu d’lune , gémit-il.
En d’autres circonstances cette assertion m’aurait peut-être paru sinistre et de bien méchant augure mais cette voix familière et éraillée porteuse d’un dépit sans commune mesure avec la fausse gravité de ce qu’elle évoquait me fit éclater de rire au grand dam de mon ami.