Ce soir là, nous trouvâmes la lune bien plus proche de nous qu’elle ne l‘aurait du.
Nous avions les pieds dans l’eau et le vieux Sullivan venait de retirer une de ses nasses. Le butin était maigre.
Il jura et cracha avant de la remettre en place.
On n’avait jamais vu ça de mémoire de pêcheur. C’était à se demander si toute la poiscaille du coin n’avait pas déserté cette damnée rivière.
Nous avions pris l’habitude de pêcher ensemble quelques semaines à peine après que Betty et moi avions emménagé à Cleveland.
Tout le monde connaissait Sully. Original et bougon il appartenait au patrimoine de cette bourgade dont il était bien sûr le natif le plus extravagant qui se fut jamais rencontré.
On craignait ses colères tout autant que les nuées de criquets mais on le disait bon vieux et toujours disposé à rendre service à son prochain pour peu que ce dernier osât braver le dépotoir qui lui servait de gîte.
Il étouffât un rôt qui sans cela aurait été sonore et se gratta le sommet du crâne, signe extérieur de perplexité.
- - Fichtre je me demande bien où qui sont tous à c’t heure?
- - Sans doute ont ils rejoint des eaux plus calmes, ironisai-je, en