Hello,
je me suis laissé tenter par "L'homme à la tête de vis", chez Delcourt, sorti en janvier 2008, un recueil de BD courtes signées Mignola (au scénario ou/et au dessin). Les histoires y sont bien déjantées, comme je les aime. La première, qui donne le nom à l'album, a un côté très Ligue des Gentlemen Extraordinaires. Bien barrée. Un festival d'humour nonsensique condensé qui rend cependant hommage aux pulps et notamment à l'imaginaire lovecraftien. Ce n'est pas la seule histoire lovecratienne car hormis une, elles le sont toutes, dans une certaine mesure : "L'horreur de la bibliothèque", au titre évocateur, certes plus convenue et à laquelle il manque, je pense, le brin de folie humoristique qui caractérise l'album (ceux qui on apprécié "le poète fou" dans le n°8 de Black Mamba apprécieront cependant cette histoire de livre maudit), et surtout "Gug Soth-Yog Sugoth", en quatre planches, où Mignola fait intervenir The Mask dans l'univers des Grands Anciens (cette dernière est vraiment hilarante). Plus poétique est la version du célèbre conte "Jacques et les haricots" qui pourrait se passer quelque part sur le sinistre plateau de Leng. Franchement space op', "Rusty Razorclam, président de Neptune", est la seule histoire non-lovecraftienne du recueil. Un côté déjanté plus direct, plus premier degré. Dessinée par Mignola mais sur un scénario de Steve Purcell, on sent bien l'influence des feuilletons TV de SF américains des années 50-60.
Les recueils de BD courtes, ça n'est pas si fréquent. Dommage. La brièveté de l'exercice est très rafraîchissante. Comme dans l'art de la nouvelle, susciter une ambiance, un univers, en quelques planches, tout en racontant une histoire, est un pari. Mignola s'en sort avec brio. Personnellement, je serais preneur d'autres aventures de l'homme à la tête de vis, auquel son créateur a su insufler une âme d'entrer de jeu.