Il devrait être interdit aux éditeurs de faire figurer l’affiche du film
Je suis une légende sur le livre de Matheson. Ces deux œuvres ne se ressemblent que partiellement. Et je suis gentil en disant partiellement.
Je suis sorti franchement énervé du cinéma.
Bon, on pourrait dire que le début du film, voire même les 2/3 sont corrects. J’étais même agréablement surpris que pour un blockbuster de cette trempe, le réalisateur ose la lenteur, la redite dans les situations (les journées, fatalement, de ce pauvre Neville se ressemblent dans cette immuable solitude), et l’effroi s’installe sûrement lorsque la nuit vient. Je passais outre les tentatives spectaculaires d’explications (Manhattan en quarantaine, l’armée, la destruction des ponts…), je passais outre ce héros qui ne sombrait pas, ce « lieutenant-colonel génie de la recherche » faisant de la musculation, priant Dieu avec sa femme et sa fille (songeant évidemment au Neville de Matheson qui se bourrait la gueule et matait le cul des femmes vampires avec désespoir)… Il faut préciser qu’à la différence du livre, les vampires ici ne savent pas où habite Neville. Première surprise, et première déception. Pas d’ancien voisin beuglant « Sors de là, Neville ! ».
Les vampires apparaissent donc peu, et font un temps assez peur, car pratiquement invisibles. La scène dans le souterrain est très bonne. En revanche, pourquoi constamment montrer ces vampires en train de hurler, tels des avatars de la Momie ? A force, et au fur et à mesure qu’on les découvre, ils deviennent fatiguant et complètement inintéressants.
Je crois que j’aurais pu accepter tout cela s’il n’y avait pas eu la fin. Bon dieu, jusqu’à l’arrivée de la nana, j’ai continué à y croire. J’ai pensé qu’elle était celle du livre, cette salope d’espionne qui finit par perdre Neville. Mais voilà, mes pires craintes se sont matérialisées : les vampires ne seraient jamais rien d’autre que des bêbêtes à faire peur sans cervelles, avec un pseudo leader qui braille plus fort, et jamais ceux-là ne viendraient enlever Neville pour le juger.
Car il faut tout dévoiler : Oui Neville devient une légende, mais parce qu’il trouve l’antidote au virus et se sacrifie pour l’humanité ! Grandiose, non ? La colonie humaine (mais c’est quoi cette idée de colonie humaine ?) va ainsi pouvoir continuer à élever ses chiens et ses gentils enfants... Foutue manie américaine d’édulcorer les fins les plus dramatiques ! Ils ont osé même détourner le titre de son sens, le justifier de la manière la plus pathétique… L’idée la plus belle de Matheson, celle qui clôt son livre a été purement et simplement effacée.
Somptueuse déception, malgré le talent de Will Smith et la beauté de ce New-York à l’abandon.